Une plus-value prisée

Les bornes de recharges ne fleurissent pas que sur l’espace public. Dans les immeubles locatifs, les propriétaires n’ont aucune obligation légale de mettre des bornes, mais c’est un choix qu’ils font. Exemple avec Retraites Populaires, à Lausanne.

Article paru dans le ​magazine TCS ça roule
6 novembre 2022

Retraites Populaires est un acteur très important du secteur immobilier en Suisse romande : plus de 16 000 logements et 600 immeubles (y compris ceux de ses mandats sous gestion) sont entre les mains de cette institution de droit public sans but lucratif active surtout dans la prévoyance professionnelle. Avec le boom des voitures électriques, Retraites Populaires a mis en place des solutions pour le patrimoine immobilier géré. Interview de Steve Vuichard, responsable du secteur Infrastructures et Commercial à Retraites Populaires.

Actuellement, il n’y a pas de base légale obligeant les propriétaires à installer des bornes de recharge dans les immeubles en location. Quelle est la stratégie de Retraites Populaires?

Nous nous positionnons comme un acteur de la transition énergétique. Et ce point fait sens pour nous, au même titre que la stratégie climatique développée au sein de notre parc immobilier. Dans un premier temps, la demande en solutions de recharge était marginale et elle s’est accélérée ces deux ou trois dernières années. Aujourd’hui, nous en recevons plusieurs par mois.

Est-ce que le locataire doit participer financièrement ?

Avant cette étape, nous nous sommes demandé si nous voulions développer une stratégie active dans le domaine de l’électricité. Au niveau de la Division immobilier, nous préférons rester dans notre cœur de métier, c’est-à-dire être propriétaire immobilier et gérer, les appartements, surfaces commerciales et des places de parc qui nous sont confiés. Cependant on s’est aperçu que les solutions de recharge allaient à terme impacter nos biens en location en leur donnant de l’attractivité. On a pris l’option d’aller vers ce développement pour garantir cette attractivité et nous avons commencé à travailler avec certains partenaires, pour mettre à disposition des solutions dans certaines nouvelles constructions, principalement pour assurer les décomptes d’électricité. On a installé quelques bornes équipées de plusieurs solutions de paiement, un peu sur le principe de la station-service. Malheureusement, la technologie est devenue très vite obsolète et sur les deux sites que nous avions équipés, nous n’avons eu qu’un seul locataire qui l’utilisait, et il a déménagé depuis.

Vers quelle type de solutions vous êtes-vous orientés par la suite?

On a retenu la solution dite du «contracting». On a confié le parc d’électromobilité à un tiers, et ce partenaire se charge de l’intégralité de la gestion et de l’installation. Les locataires, en coordination avec prestataire retenu n’ont plus qu’à faire installer leur borne, en passant un contrat avec celui-ci.

Pour contourner la problématique du besoin en électricité du bâtiment, on fait appel maintenant à des «bornes intelligentes»: elles communiquent entre elles et avec les véhicules électriques pour doser utilement les recharges. Pour l’instant, seules les bornes d’une même marque communiquent entre elles, il n’y a pas encore de protocole commun.

Cette solution de contracting concerne-t-elle uniquement les immeubles neufs?

Nous venons de démarrer ce développement en septembre et y intégrons nos immeubles en construction, en rénovation ainsi que nos bâtiments existants, c’est encore tout frais. Analyser et comparer les différents acteurs nous a pris du temps. Avec un nouveau bâtiment neuf, nous faisons attention à avoir la disponibilité électrique et la disponibilité pour des aménagements futurs, mais à terme, nous prévoyons d’équiper l’ensemble de notre patrimoine. A quelle vitesse, seul l’avenir nous le dira.

Vous dites l’ensemble du patrimoine, donc les immeubles anciens ne posent pas de problème?

A priori, les partenaires sont confiants et cette nouvelle technologie des bornes intelligentes semblent être aussi une solution à ce niveau. Concernant le plan de déploiement, nous regardons quels immeubles suscitent le plus de demandes, et on fonctionne selon des priorités. Avant chaque déploiement, notre partenaire met en place un monitoring, une sorte d’examen des bâtiments, pour identifier les besoins des différents utilisateurs et s’assurer de la disponibilité nécessaire. Tant que l’on n’aura pas le 100% des utilisateurs avec un parking qui ont tous une voiture électrique, cela semble fonctionner. La question se posera dans quelques années, lorsque le déploiement sera plus général.

L’hiver s’annonce compliqué sur le plan énergétique, avec même des pénuries d’électricité qui sont possibles. Est-ce que cette situation peut ralentir vos plans? Ou même les stopper pour une période donnée?

Hasard du calendrier, on ne va travailler que sur une petite série d’immeubles d’ici à la fin de l’année. Et après ce test, nous définirons un plan à grande échelle. Nous ferons le point avec notre partenaire au cours du printemps 2023. Ce risque de pénurie d’électricité sera un élément qui sera ajouté dans notre déploiement.

Les demandes proviennent-elles davantage de locataires résidant en campagne, avec moins de solutions à disposition que les locataires en zone urbaine?

Nous avons des demandes du côté d’Yverdon-les-Bains, de la Sarraz, et dans la région de la Côte également. Nous avons pu prendre du temps autour de cette question car il faut bien le dire, le réseau public est déjà bien étendu. Bien sûr, quand nous disons à un locataire qui a un véhicule électrique que nous prévoyons de mettre en place des solutions, il est impatient d’avoir le résultat. Mais très souvent, on constate qu’il y a une solution de recharge à quelques centaines de mètres de son logement.

Est-ce que Retraites Populaires applique le système mis en place dans son propre siège?

Nous avons un parking privé, et la Ville de Lausanne met à disposition des solutions aux abords de notre siège. Nous avons mis deux bornes de recharge pour les collaborateurs qui roulent en électrique, mais c’est à voir comme un avantage pour eux. Notre Directeur général, et d’autres membres du Comité de Direction roulent d’ailleurs en voiture électrique et ils en sont très contents.