Il est temps d’agir en faveur de la prévoyance professionnelle

Philippe Doffey propose des pistes pour faire avancer le système des retraites.

Philippe Doffey, directeur général
Le 24 Heures du 7 septembre 2020, rubrique L'invité

Force est de constater que la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP) peine à aboutir: ses deux objets ont été rejetés lors de la votation populaire en 2017, et aujourd’hui l’accord négocié entre le patronat et les syndicats est déjà contesté ou remis en cause par certaines associations faîtières. Les partenaires sociaux ont présenté au Conseil fédéral un projet permettant de stabiliser le deuxième pilier. Celui-ci propose, parmi d’autres aspects, d’augmenter l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Sur ce point, des voix anticipent déjà un refus par le peuple le moment venu.

Quant à la récolte de signatures pour l’initiative populaire «Prévoyance oui – mais équitable» lancée au printemps 2019, elle a échoué. Son comité souhaitait que le modèle LPP soit garanti à long terme dans le respect de l’équité intergénérationnelle. Leur projet préconisait notamment que les rentes s’adaptent régulièrement à l’espérance de vie.

Mais, avant que la réforme de la prévoyance professionnelle aboutisse, faut-il rester les bras croisés sans agir? Question importante, d’autant plus que la confiance dans notre modèle de prévoyance s’effrite bien qu’il demeure toujours l’un des meilleurs en Europe.

Or nous disposons déjà de quelques leviers pour faire avancer le système actuel qui, je le rappelle, est défavorable pour les travailleurs à temps partiel, plus particulièrement les femmes.

Que faire et comment agir rapidement? Premièrement, en réduisant la déduction de coordination qui sert à déterminer le salaire assuré auprès de la caisse de pension. Cette solution permet d’améliorer le capital retraite, notamment pour les temps partiels et les bas salaires. Deuxièmement, en permettant aux jeunes de cotiser avant l’âge de 25 ans et de commencer ainsi plus tôt à épargner pour leur retraite.

Les caisses de pensions ont la possibilité d’adapter leurs plans de prévoyance sur ces deux points tout en respectant le cadre légal actuel.

Recours aux Chèques emploi

D’autres solutions concrètes sont également possibles pour le personnel domestique. Les travaux de proximité dans les ménages privés (ménage, garde d’enfant, soutien scolaire, garde-malade, jardinage) constituent un pan important de notre économie. Mais, là encore, leurs conditions de travail sont précaires et un nombre élevé d’employés ne bénéficient pas encore d’une prévoyance professionnelle.

En alliant les savoir-faire des spécialistes de la prévoyance et de l’Entraide protestante suisse (EPER), les travailleurs de l’économie domestique du canton de Vaud peuvent désormais recourir au service Chèques emploi pour déclarer les salaires soumis à la prévoyance professionnelle.

Pour conclure, des solutions existent afin d’améliorer la prévoyance professionnelle des salariés à temps partiel, composés d’une majorité de femmes et de jeunes cumulant plusieurs emplois. Il est de la responsabilité de chaque caisse de pension et de chaque employeur d’agir maintenant.