Pour une simplification du développement immobilier

La durée entre les premières ébauches d’un projet immobilier et sa réalisation se compte en années. Parfois ce temps se compte jusqu’à deux chiffres avant la virgule. Cette temporalité engendre des contraintes pour l’ensemble des investisseurs, les locataires à la recherche d’un logement ou les propriétaires en attente de rendement.

 

24 Heures du 9 novembre 2022

L'avis de l'expert

Alain Lapaire
Directeur Division Immobilier

Alain Lapaire

D’autant plus que le patrimoine immobilier est un élément clé de la stratégie de placement des investisseurs institutionnels, avec une vision à long terme. Cette classe d’actifs représente généralement entre 20 et 25% des avoirs sous gestion et constitue un socle d’investissement caractérisée par un flux continu de revenus attractifs et des rendements stables.

Dans un monde idéal, un investissement immobilier devrait être relativement peu impacté par la conjoncture économique et des fluctuations des marchés boursiers. Or, les dernières évolutions des marchés financiers et le contexte géopolitique démontrent que la pierre subit également des perturbations. Dans ce contexte, une perspective à long terme reste pertinente et l’allongement des processus de développement immobilier ne fait que renforcer ce paradigme. En effet, la durée de mise en œuvre des projets immobiliers s’est sensiblement accrue ces vingt dernières années. Les processus administratifs se sont démultipliés et complexifiés et les terrains à bâtir constituent un facteur limitant.

A ceci s’ajoutent encore, le recours de plus en plus aisé et fréquents à des outils juridiques de blocage dont le coût d’activation est dosimétrique par rapport aux conséquences engendrées en termes de délais. De plus, le blocage des projets immobiliers, voire dans certains cas leur abandon, freine encore un peu plus la concrétisation d’une détente du marché locatif annoncé depuis une décennie. Pire encore, les reports de livraison peuvent induire un décalage entre les intentions initiales et les nouveaux besoins de la population. Dès lors, les coûts prennent l’ascenseur et les perspectives de rendement baissent en conséquence. Et les premiers impactés restent les locataires. En bloquant ou en retardant les projets, la rareté des logements est maintenue sur le marché, ce qui provoque une hausse des loyers.

Et les locataires se trouvent en première ligne lorsqu’on aborde la question de la transition énergétique. Avec un parc immobilier vieillissant, les rénovations nécessaires vont fortement impacter le quotidien des locataires durant les travaux. Dès lors, les bâtiments neufs présentent l’avantage d’une consommation énergétique réduite et optimale, tout en bénéficiant d’une qualité intrinsèque supérieure. Certes les loyers seront plus élevés, mais les charges seront réduites grâce à l’optimisation énergétique de son immeuble. N’oublions pas que l’un des objectifs premiers des propriétaires reste de maintenir un bon rapport qualité-prix pour le locataire.

En ce sens, il est urgent et indispensable de tenir compte de l’intérêt général. Il est nécessaire de permettre une fluidité des processus conduisant à mettre à disposition des futurs locataires des espaces de vie adaptés à leurs besoins et à leurs attentes. En totale adéquation avec l’air du temps et en capacité de faire face aux défis climatiques. A ce titre, une simplification et une accélération des procédures administratives serait bénéfique pour l’ensemble des acteurs, y compris les locataires. Faute de quoi, l’immobilier pourrait bien sombrer dans l’immobilisme.