La prévoyance doit s’adapter aux nouveaux modes de travail

Notre système de prévoyance se dégrade. Selon le dernier classement de l’indice Mercer CFA Institute 2021 (MCGPI) des systèmes de prévoyance dans le monde, la Suisse n’est plus qu’au onzième rang. C’est pourquoi, il est urgent de mener des réformes, et notamment auprès de la prévoyance professionnelle, la LPP.

24 Heures, 15 novembre 2021
Philippe Doffey, Directeur général

Pour satisfaire le plus grand nombre, le projet de réforme doit prendre en compte les forces et faiblesses du système actuel. Si le modèle de prévoyance professionnelle en vigueur reste favorable sur plusieurs plans (comme la garantie de prestations à la retraite sous forme de rente ou de capital), son financement et ses coûts doivent être revus. Le taux de conversion sur la partie obligatoire à hauteur de 6,8% est trop élevé. Il devrait être calculé en fonction de l’espérance de vie et du taux d’intérêt technique.

Ces deux éléments majeurs fixent le rendement attendu sur le long terme. Or, aujourd’hui ce n’est plus le cas. La rémunération obtenue par les assurés actifs est inférieure à celle des retraités. Et faute de réforme, cette tendance n’est pas près de s’inverser.

Et les derniers travaux des commissions parlementaires visant à traiter la réforme de la prévoyance professionnelle semblent s’engager dans une bataille interminable entre experts! Il serait notamment dommageable que la solution proposée échoue en raison d’un aspect particulièrement clivant comme l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans.

À ce titre, il est nécessaire de réadapter la prévoyance professionnelle aux nouveaux modes de travail. Parmi les solutions concrètes, il s’agirait notamment de réduire la déduction de coordination. Pour rappel, ce n’est pas l’entier du salaire qui est assuré au 2e pilier, mais sur le salaire dit «coordonné», c’est-à-dire déduit de 25’095 francs (le salaire AVS brut). Or ce système ne prend pas assez en compte les temps partiels et les bas salaires. Et en termes de genre, les femmes sont les plus impactées puisque 6 femmes sur 10 exercent une activité professionnelle à temps partiel, contre seulement 1.8 homme sur 10, selon l’Office fédéral de la statistique.

Davantage de prestations

En réduisant le montant de la déduction de coordination, cela permettrait aux assurés de cotiser sur un salaire plus élevé et d’avoir plus de prestations à la retraite. Notons que chaque conseil de fondation peut actuellement baisser ou supprimer la déduction de coordination afin d’améliorer la situation de ses assurés aux bas revenus.

D’autres mesures envisageables concerneraient la cotisation des jeunes avant l’âge de 25 ans et une augmentation progressive de l’âge de la retraite des hommes et des femmes, quitte à maintenir l’écart d’une année.

Afin de conserver ses atouts et de renforcer son positionnement au niveau international, il est crucial que la prévoyance professionnelle s’adapte à l’évaluation de l’environnement économique et du monde du travail.