De stagiaire à directeur général

Depuis le 1er janvier 2024, Eric Niederhauser est le nouveau directeur général de Retraites Populaires.
L’occasion de faire le point sur les impulsions et les perspectives d’avenir de l’institution vaudoise
spécialisée dans l’assurance-vie, la prévoyance professionnelle et la gestion de caisses de pension.

Le Temps du 22 janvier 2024, Thomas Pfefferlé
Eric Niederhauser, directeur général de Retraites Populaires 

Pour le nouveau directeur général de Retraites Populaires, Eric Niederhauser, l’heure est au maintien du cap défini durant ces dernières années par l’institution. Evoluant depuis 1995 au sein de la société vaudoise d’assurance et de gestion de caisses de pension, il entend conserver la philosophie et le positionnement de l’entreprise pour faire face aux défis bien connus de la prévoyance en Suisse. Entré à Retraites Populaires en tant que stagiaire il y a plus de 25 ans, Eric Niederhauser connaît parfaitement la maison et incarne un modèle de carrière de plus en plus rare, marqué par une fidélité porteuse entre employeur et employé. Une valeur d’ailleurs chère à l’institution, qui anime et oriente en outre son activité auprès de ses clients et partenaires. Interview.

Qu’est-ce qui vous a motivé à postuler comme candidat pour reprendre la direction du groupe?

Il faut déjà préciser un élément plutôt atypique concernant ma carrière, à savoir que je ne connais pas d’autre employeur que Retraites Populaires. J’y suis entré en tant que stagiaire actuaire en 1995 avant d’y poursuivre ma vie professionnelle. C’est donc une entreprise que je connais très bien et pour qui j’ai un attachement particulier. Au fil des années, j’ai pu développer mon activité au sein de celle-ci en gravissant progressivement les échelons et en évoluant dans différents secteurs et départements, particulièrement l’informatique dont j’ai repris la responsabilité en tant que membre de la direction il y a quelques années. Cette nouvelle étape cristallise mon attachement à l’institution, à ses valeurs que je partage pleinement, aux collaboratrices et collaborateurs ainsi qu’à son positionnement. Candidater à Retraites Populaires m’a semblé naturel.

Quels seront vos objectifs prioritaires et quelles impulsions souhaitez-vous donner?

Ma principale ligne directrice consiste à maintenir le cap de la stratégie définie durant ces dernières années. Un développement stratégique auquel j’ai d’ailleurs pu contribuer en faisant partie de l’équipe de direction. Dans les grandes lignes, il s’agit de conserver la continuité opérationnelle et de poursuivre le développement commercial. Une révision de la stratégie à l’horizon 2030 est également prévue pour intégrer, entre autres, les enjeux de la transformation numérique. Concernant ce dernier point, nous avons d’ailleurs engagé une personne, qui intégrera l’équipe de direction, pour reprendre la suite des activités informatiques que je supervisais durant ces dernières années.

Donc pas de révolutions majeures en vue au sein de Retraites Populaires?

Non, en effet. La stratégie que nous avons déjà définie mérite d’être continuellement supervisée et mise à jour bien entendu, mais il ne s’agit pas de tout bouleverser juste pour générer du changement. Notre croissance commerciale, reposant sur les piliers que sont l’assurance-vie, la prévoyance professionnelle, la gestion de caisses de pension, les prêts hypothécaires et l’immobilier, implique déjà un intense effort, notamment pour suivre la dynamique qui caractérise actuellement le marché. Les petites caisses de pension ont de plus en plus tendance à rejoindre de plus grands groupes, ou à externaliser la gestion opérationnelle de leur activité. Ce qui constitue un signe de professionnalisation de la branche pour ces acteurs de plus petite envergure. Pour nous, un des enjeux principaux consiste donc à pouvoir nous positionner afin d’accueillir une partie de ces effectifs. Un aspect qui continuera d’ailleurs à figurer parmi nos lignes directrices et nos objectifs dans le cadre de la définition de notre stratégie à l’horizon 2030.

Et en matière de digitalisation, y a-t-il des grands chantiers en perspective à mentionner?

Nous avons déjà accompli de grandes transformations et des progrès significatifs durant ces dernières années dans ce domaine. Par exemple, nous proposons des plateformes en ligne des plus qualitatives et performantes pour nos assurés et nos locataires, ainsi que pour les entreprises clientes. Nous avons également développé la souscription en ligne totalement digitalisée pour nos produits de 3e pilier et de polices de libre passage. Il s’agit bien sûr de maintenir notre veille technologique afin d’identifier les nouvelles tendances pour nous assurer des bonnes pratiques à suivre, et de conserver un environnement informatique à jour, tout en garantissant l’exploitation et la sécurité des données.

Comme l’intelligence artificielle?

Par exemple. L’arrivée et l’adoption progressives de l’intelligence artificielle impliquent en effet de nous adapter, en faisant évoluer certains postes. A l’image de la transformation digitale, la généralisation de l’intelligence artificielle va engendrer des impacts dans notre activité, par exemple en automatisant certaines tâches. Il s’agit de le faire tout en veillant à conserver la dimension humaine propre à nos métiers et à notre positionnement en tant qu’employeur et acteur économique et social.

La pénurie des talents est-elle également un sujet préoccupant pour un acteur tel que Retraites Populaires et, si oui, dans quelle mesure?

Absolument. C’est d’ailleurs la question qui occupe la plupart des employeurs actuellement, devant parfois redéfinir leur positionnement et leur système de valeurs de manière à répondre aux attentes ainsi qu’aux préoccupations de leurs actuels et futurs collaborateurs. Et cette tendance touche également nos domaines d’activité. Pour donner un ordre d’idée, on sait que, durant les trois à quatre prochaines années, nous allons devoir renouveler près d’un tiers de nos effectifs. Pour gérer cette situation, il nous faut donc concrétiser une politique de rétention des talents et de recrutement efficace.

L’année 2024 va par ailleurs être marquée par d’importantes votations concernant l’AVS et la LPP. Comment voyez-vous l’évolution et les enjeux majeurs de notre système de retraite?

A mes yeux, l’un des principaux enjeux en matière de prévoyance concerne l’information. Il s’agit avant tout de pouvoir faire comprendre de manière claire et percutante les défis auxquels notre société doit impérativement et urgemment faire face si l’on veut maintenir un haut niveau de prestations sociales et de retraite. Surtout dans le contexte actuel, marqué par une surabondance d’informations pas toujours digestes ni exactes. En tant qu’acteur de grande envergure actif dans le domaine de la prévoyance, la communication et la vulgarisation quant aux enjeux de notre système de retraite constituent l’une de nos missions principales, en particulier auprès des jeunes.

Concernant les jeunes qui entrent dans la vie active, quel est votre sentiment par rapport à leur prise de conscience de ces enjeux? Sont-ils suffisamment lucides et impliqués sur ces questions?

Par rapport à ce que je peux lire, j’ai le sentiment que les jeunes sont en effet de plus en plus conscients de ces enjeux. Plusieurs sondages d’opinion indiquent que les questions et problématiques des retraites et de la prévoyance figurent parmi les préoccupations principales des jeunes qui entrent dans la vie active. Ce qui constitue un premier signe encourageant, démontrant en tout cas que nos efforts en matière de communication commencent à faire écho auprès du grand public. Car l’une des missions principales de Retraites Populaires est de faciliter l’accès à la prévoyance pour l’ensemble de la population. Et cette mission recouvre également la transmission des connaissances et l’information. C’est pourquoi nous continuons notre travail de fond, qui est de partager notre expertise avec l’ensemble de la population vaudoise.