La retraite, ça se prépare

Suite au dossier consacré à la prévoyance professionnelle, paru le 5 mars 2023 dans le Femina, nous vous avions proposé de nous adresser vos questions concernant la préparation de la retraite. C'est ici, grâce à nos différentes expertes que nous vous répondons.


Femina du 13 mars 2023
Judith Granat, Directrice division marketing, conseil et communication

J’ai 45 ans, j’ai décidé de prendre un congé sabbatique d’une année. Je souhaite faire une pause, être plus présente pour mes enfants. Est-ce que cette pause aura un effet sur mon deuxième pilier et ma retraite? Mon employeur est d’accord de me reprendre après mon congé non payé.

Je vous remercie pour votre question. C’est une décision courageuse qui aura néanmoins un impact sur votre prévoyance. S’agissant de votre 2e pilier, un congé non payé n’est pas nécessairement considéré comme une démission – cela dépend du règlement de la caisse de pensions. En ce sens, votre avoir de vieillesse reste auprès de la caisse de pensions de votre employeur et vous pouvez cotiser pour vous couvrir contre le risque de décès et d’invalidité durant cette période.

Dans le cas où votre avoir de vieillesse doit sortir de votre caisse de pensions, je vous recommande de contracter une police de libre passage (PLP) et de souscrire aux couvertures de risque invalidité et/ou décès. À la reprise de votre activité, essayez de faire des rachats auprès de votre caisse de pensions. Pour le 3e pilier A, si vous avez un peu de revenu durant l’année fiscale, alors cotiser sera possible. Dans le cas contraire, vous ne pourrez plus bénéficier de ce moyen d’épargne avec des avantages fiscaux. Concernant le 1er pilier, c’est-à-dire l’AVS/AI, il faut distinguer. Si vous êtes mariée, et que votre conjoint verse au moins le double de la cotisation minimale, vous n’aurez pas à payer de cotisations AVS. Si vous vivez seule ou que votre conjoint ne cotise pas suffisamment, votre cotisation se fera en fonction de votre fortune, (minimum 514 francs par année). Cette cotisation obligatoire vous permettra de rester assurée dans le cadre du 1er pilier et d’éviter le manque d’année de cotisations. Dans tous les cas, excellent congé sabbatique!


Femina du 19 mars 2023
Sandrine Duvoisin, Responsable du service clientèle privée

Je crois savoir que le rachat de cotisations dans la caisse de pension reporte parfois la date à laquelle nous pouvons prendre la retraite (j’ai 59 ans et on m’a dit que si je rachetais des années de cotisations maintenant, je ne pourrais pas prendre ma retraite avant trois ans). Qu’en est-il du remboursement, partiel ou non, du libre passage perçu pour l’accès à la propriété? Cela décale-t-il aussi la retraite? Y a-t-il un temps «limite» pour rembourser avant la retraite?

Bonjour Véronique. Les rachats de cotisations dépendent de la situation personnelle. Néanmoins, il est nécessaire de vérifier votre certificat de pension, transmis au début de l’année, pour voir si vous pouvez en faire. Si vous bénéficiez d’un capital que vous souhaitez investir dans votre prévoyance, le rachat de cotisations est une bonne alternative. Je vous conseille d’effectuer vos rachats en plusieurs fois, afin de bénéficier d’une déduction fiscale (dès que vous aurez effectué votre versement, il est important de conserver la confirmation de rachat afin d’en profiter). Il existe des restrictions: lors de rachats effectués trois ans avant la prise de la retraite, seule la perception d’une rente sera possible.

Vous ne pourrez plus retirer vos avoirs de vieillesse sous la forme d’un capital. Si vous avez retiré tout ou partie de votre avoir du 2e pilier pour l’acquisition de votre bien immobilier (fonds propres), vous devrez d’abord rembourser le montant pris pour l’encouragement à la propriété à votre caisse de pension avant de pouvoir procéder aux rachats de cotisations. Par contre, vous pouvez le rembourser jusqu’au jour qui précède votre retraite. Cet impôt vous sera remboursé sur votre demande aux autorités fiscales.


Femina du 26 mars 2023
Emilia Oliveira, Conseillère en prévoyance

À la suite de la lecture de votre numéro sur la retraite des femmes, j’ai une question pour les spécialistes de Retraites Populaires: existe-t-il la possibilité de mettre de l’épargne de côté, sur un compte, pour en toucher une rente à l’âge de la retraite et non pas un capital unique? Merci de votre réponse et meilleures salutations. Chantal

Bonjour Chantal,
Je vous remercie pour votre question. Pour vous répondre, deux options s’offrent à vous dans la prévoyance individuelle liée, c’est-à-dire le 3e pilier. Tout d’abord, il existe la capitalisation. Après avoir cotisé tout au long de votre carrière, vous touchez votre capital à l’échéance de votre contrat. Après le paiement de l’impôt sur les prestations en capital, vous avez la possibilité de placer votre avoir sur une assurance de rente viagère prévoyance libre. Uniquement 40% de la rente versée sera imposable, ce qui constitue un avantage fiscal intéressant. Ou alors, vous pouvez opter pour une seconde option, à savoir choisir un produit de rente viagère différée prévoyance liée. Dans ce cas précis, les versements sont libres jusqu’à la retraite. Puis, le moment voulu, vous recevez vos rentes qui seront, toutefois, imposées à 100% comme un revenu. Dans les deux cas, n’hésitez pas à consulter une conseillère ou un conseiller.


Femina du 2 avril 2023
Marie-France Barbay, Conseillère financière

Merci pour l’article très intéressant sur la prévoyance professionnelle. Une question: je suis salariée à 80% tout en étant inscrite à l’AVS comme indépendante. D’ici quelques mois, je vais réduire mon taux, probablement à 50-60%. J'ai 60 ans, donc retraitée du salariat à 64 ans (et certainement pas à 65). Je compte poursuivre mon activité indépendante au-delà de 64 ans. Quelle solution s’offre à moi dès à présent en matière de prévoyance professionnelle? Nathalie Guiffault, Guide de bains de forêt, sylvothérapeute

Bonjour Nathalie. Je vous remercie pour la présentation de votre cas professionnel. Il est tout à fait possible de décorréler les âges de retraite de vos activités d’indépendante et de salariée. Ainsi, vous pourrez sans autre continuer votre aventure entrepreneuriale. Dès à présent, vous pouvez vous affilier facultativement à la prévoyance professionnelle 2e pilier, auprès des fondations de prévoyance d’associations patronales. Attention toutefois, certaines d’entre elles fixent l’âge d’entrée maximum à 60 ans. Dans le cas où vous ne pourriez pas vous affilier à une institution de prévoyance professionnelle, vous pouvez constituer un 3e pilier A. Tant que vous serez affiliée au 2e pilier comme salariée, vous serez limitée à la cotisation maximale de 7056 francs par année. Dès que vous exercerez uniquement sous le statut d’indépendante, vous aurez la possibilité de cotiser jusqu’à 20% de votre revenu net d’activité, mais au maximum 35'280 francs (chiffres 2023). Vous pourrez le faire tant que vous continuez votre aventure d’indépendante, mais au plus tard jusqu’à
5 ans après l’âge de référence AVS. Je vous souhaite une bonne continuation dans vos vies professionnelles.


Femina du 9 avril 2023
Emilia Oliveira, Conseillère en prévoyance

Bonjour, votre dernier article a suscité mon intérêt, étant typiquement dans votre cas de figure: je suis assistante en pharmacie à 45% depuis mes 22 ans, car j’ai 3 enfants. J’ai maintenant 33 ans et un tout petit 2e pilier. Mariée depuis 11 ans, j’aimerais pouvoir cotiser sans l’aide financière de mon mari. Je pense faire encore quelques années à ce taux, avant d’augmenter un peu, mon salaire restera toutefois assez bas et je n’aimerais pas y verser une trop grande partie de mon revenu. Quelle serait pour moi la meilleure option afin d’avoir une rente à ma retraite? Valérie Gerber

Bonjour Valérie, dans un premier temps, je vous suggère de voir, dans votre situation de prévoyance 2e pilier, vos possibilités de rachat, si vous en avez. Cette solution vous permettrait d’effectuer des versements ponctuels dans votre épargne 2e pilier, avec la possibilité de déduire ces montants de votre revenu imposable et ainsi augmenter votre capital qui pourra être versé en rente à la retraite. Vous avez également la possibilité de constituer un 3e pilier en prévoyance liée, également déductible du revenu imposable. Cette solution vous permet d’épargner annuellement et constituer un capital à l’âge de la retraite. À ce moment-là, des solutions de placement du capital pourront vous être proposées pour obtenir une rente du 3e pilier.


Femina du 16 avril 2023
Nadia Ziliani, Conseillère en prévoyance professionnelle

Je suis née en 1961 et je viens d’être licenciée. Mon mari et moi avons opté pour la rente afin de pouvoir garder un bon niveau de vie. Nous sommes propriétaires d’une maison que nous pensons vendre au départ à la retraite de mon mari, en 2027. Se pose la question suivante: est-ce préférable de me mettre au chômage jusqu’à la retraite tout en continuant à cotiser au 2e pilier jusqu’à ma retraite dans 2 ans et demi? Ou est-ce que je ferais mieux de prendre une retraite anticipée? Jeannette Thurnherr

Si vous restez au chômage jusqu’à l’âge de la retraite, vous avez la possibilité de maintenir votre affiliation à la caisse de pension en payant uniquement les cotisations des risques décès et d’invalidité ainsi que les frais d’administration de la caisse de pension. Une solution qui présente l’avantage de verser des cotisations moins élevées tout en profitant du taux de conversion de votre caisse de pension actuelle. Ce dernier devrait être plus élevé qu’en cas de retraite anticipée. Autres aspects positifs, vous bénéficiez de la déduction fiscale pendant la période de maintien et il vous sera également possible de choisir entre le capital ou une rente selon le règlement de prévoyance de la caisse de pension actuelle. En ce qui concerne la retraite anticipée, le taux de conversion est plus bas parce que la retraite anticipée entraîne une diminution de la rente. Pour faire le bon choix, je vous propose de faire un point de situation afin de prendre en compte tous les aspects de votre situation de prévoyance, fiscale, financière, immobilière ainsi que votre budget mensuel et vos projets d’avenir. En effet, entre 3 et 5 ans avant le départ à la retraite, je recommande de prendre rendez-vous avec une ou un spécialiste de la prévoyance.

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