L’actuaire n’a laissé aucune chance au hasard

Eric Niederhauser: Entre une carrière de foot et la prévoyance professionnelle, le directeur de Retraites Populaires a fait le bon calcul.

La tenue choisie par Eric Niederhauser pour son rendez-vous avec «24 heures» laisse planer peu de doutes quant à l’activité favorite de celui qui dirige, depuis le 1er janvier, le groupe Retraites Populaires. À vrai dire, on avait été prévenu: il paraît que, à la course à pied, il écrase tous ses collaborateurs. Ce comportement n’a rien d’agressif, il résulte des entraînements d’un sportif accompli qui s’est même adjoint les conseils d’un préparateur pour atteindre ses objectifs.

C’est l’un des traits de caractère du nouveau directeur, qui l’assume très bien: «Je fonctionne par objectif alors quand j’en choisis un, je vais au bout sans regret.» C’est ainsi que les courses de trail et le ski de randonnée lui collent à la peau. Et c’est sans regret qu’il a tourné le dos à une carrière de footballeur professionnel qui semblait lui tendre les bras. Au début des années 90, les discussions étaient en effet bien lancées entre Christian Constantin et le club d’Yverdon-les-Bains, lorsque le jeune Eric Niederhauser était pressenti pour occuper la cage vaudoise en ligue B. La cage? Oui, car si le directeur allonge la foulée aujourd’hui, il a passé sa jeunesse à entraîner ses réflexes de gardien de but.

Gardien de Sion

Le parcours de ce Valaisan est teinté des couleurs du FC Sion. Encore plus que d’autres, puisque ses parents tenaient la buvette du club. Entouré de passionnés, le jeune homme intégrera les sélections nationales à 14 ans. Mais il donne à sa vie une autre tournure. «J’ai finalement privilégié les études, dit-il. Dans une équipe de foot, il n’y a qu’un gardien: le risque de ne pas trouver ma place était trop grand.»

Eric Niederhauser lâche cette dernière phrase sans dissimuler un sourire. Il est bien conscient
que cette notion de risque calculé fait partie de son personnage, celui qui a choisi des études
d’actuaire à la Faculté d’HEC, à Lausanne. Là aussi, le choix était réfléchi: «J’aimais bien les
maths et je voulais une formation qui offre des débouchés.» Sans plan de carrière défini, il privilégie une filière qui, si elle n’était pas la plus sexy aux yeux des étudiants, offrait alors l’immense avantage des petites classes de 20 personnes, quand d’autres formations nécessitaient de s’entasser dans un auditoire bondé.

Il a probablement bien fait. Le stage qu’il a entrepris pendant ses études auprès de Retraites
Populaires l’a emmené au sommet de l’institution de droit public, sans but lucratif, qui gère notamment les retraites du personnel de l’État de Vaud. Ce parcours en ligne droite est une originalité, puisque le directeur n’a jamais connu d’autre employeur que cet acteur majeur de la prévoyance professionnelle.

De stagiaire à directeur

Loin de constituer un écueil, la fidélité sans faille d’Eric Niederhauser se présente aujourd’hui comme un atout. Il connaît en effet tous les rouages de la boîte. Son prédécesseur en retraite, Philippe Doffey, souligne un parcours varié au sein de l’entreprise. Il voit que sa nomination par le Conseil d’État s’inscrit dans la continuité d’une ligne à laquelle Eric Niederhauser a largement contribué. «C’est un homme très volontaire dont je ne voyais que le dos lorsqu’on courait ensemble, rigole l’ancien directeur. Mais c’est surtout un crocheur qui connaît bien les enjeux de la prévoyance.»

Actuaire, Retraites Populaires… On a vu des parcours plus rock’n’roll. Mais il est difficile de
déceler un grain de folie chez Eric Niederhauser. «Oui, il y a une certaine timidité, confirme
Philippe Doffey. Il est d’ailleurs plus un spécialiste qu’un leader et il faut gagner sa confiance;
mais c’est un personnage solide, volontaire, qui complète parfaitement l’équipe de direction.»
«C’est vrai que Retraites Populaires ne semblent peut-être pas très sexy, mais ce n’est qu’une apparence, défend Eric Niederhauser. Il y a une culture d’entreprise forte et tellement humaine.» Le directeur est d’ailleurs prêt à passer pour un geek après avoir entamé la révolution informatique de son entreprise. «J’aime bien la technologie et je n’ai plus de papier à la maison», dit-il en parlant de son smartphone, dont les applications lui servent aussi de préparateur physique.

Parcourant la nature au pas de course, Eric Niederhauser le fait aussi en voyage avec son
épouse, Laetitia. Il se fait rêveur en évoquant ces deux mois que le couple a passés à explorer
les étendues de l’Australie. «On ne fait pas souvent les musées», sourit le sportif, qui semble
avoir trouvé un bel équilibre avec sa compagne de route. Des enfants? «Cela ne s’est pas fait et on le vit de façon positive.»

Indispensable Valais

Tous deux Valaisans, ils ont dans un premier temps vécu ensemble à Lausanne à la fin des études et sont ensuite retournés vivre à Savièse. Eric Niederhauser ne s’excuse pas de cet aspect bien peu vaudois de son parcours. «J’aime bien le chasselas, tente-t-il. Mais c’est vrai que je préfère les rouges valaisans.» Si le Valais constitue son retour aux sources, le canton de Vaud est bien celui de sa vie professionnelle et c’est là que sont ses contacts qui s’étendent, par la force des choses, jusqu’aux membres du Conseil d’État.

Alors qu’il prépare le marathon de Valence avec sa bande de copains pour célébrer l’arrivée
de la cinquantaine, le directeur affiche un air détendu dans sa tenue sportive, terminant
son plat d’hydrates de carbone (des pâtes, donc). Plus que la distance, c’est la monotonie
du bitume qui l’inquiète. C’est qu’il est plutôt habitué aux courses de montagne qui durent
huit heures et permettent d’avaler 50 km… Et si son grain de folie ne se situait pas sur ces sentiers escarpés? «Je ne crois pas, réfléchit Eric Niederhauser. La course, c’est un mélange de discipline de vie et de mauvaise conscience lorsque je n’y vais pas.»

Bio
  • 1975 Naît le 26 septembre à Sion et grandit à Savièse.
  • 1991 Match de qualification avec l’équipe nationale M17, avec une victoire 1:0 contre l’Italie.
  • 1994 École de recrues à Sion, puis études d’actuariat à l’Université de Lausanne.
  • 1997 Obtient sa licence et entre comme actuaire aux Retraites Populaires.
  • 2000 Se marie avec Laetitia.
  • 2013 Devient membre de la direction de l’institution.
  • 2015 Premier marathon, à New York.
  • 2018 Grande Patrouille des Glaciers.
  • 2024 Reprend le poste de directeur général.