Comment Retraites Populaires se décarbonise

Devant le juge, les militants affirment que leur action de 2019 a pesé sur les investissements de l’institution de prévoyance. Son patron parle de «facteur d’accélération».

Mercredi après-midi, au Palais de justice de Montbenon, les treize militants de l’occupation de Retraites Populaires (RP) seront fixés sur leur sort. Le 15 mars 2019, alors que 10’000 à 15’000 personnes défilaient à Lausanne pour le climat, l’occupation du siège de l’institution financière s’est soldée par une évacuation des treize. Ils constituaient le dernier groupe à être resté sur place pour dialoguer avec le directeur général, Philippe Doffey.

Un avant et un après?

Lors des plaidoiries lundi, un des onze avocats du groupe de militants a affirmé qu’il y avait «un avant et un après 15 mars 2019». L’action des militants aurait changé la politique d’investissement de Retraites Populaires (RP), une entreprise de droit public, qui gère notamment la Caisse de pensions de l’État de Vaud. Cet argument est un des piliers de la stratégie de la défense.

Deux ans et demi après les faits, qu’en pense Philippe Doffey? La décarbonisation des investissements de RP a-t-elle été causée par cette action?

C’est depuis 2015 que l’institution mène une «politique évolutive en matière d’investissement responsable», explique d’abord le directeur général. «Depuis 2019, nous excluons des titres de notre portefeuille d’actions les entreprises actives dans l’armement non conventionnel, ainsi que les sociétés actives dans l’extraction de charbon et les entreprises liées à la génération de l’électricité basée sur le charbon, poursuit Philippe Doffey. Toutefois, le dialogue avec les jeunes activistes a fait office de facteur d’accélération pour arriver avec une approche pragmatique aux critères ESG (ndlr: enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise).»

En 2020, RP se dote d’une «Stratégie climatique». L’institution s’engage ainsi notamment «pour une neutralité carbone de ses investissements mobiliers d’ici à 2030», lit-on dans le rapport annuel 2020. On y apprend aussi que RP participe désormais à un fonds scandinave pour des infrastructures d'énergie renouvelable.

Alliance climatique approuve

Cette année, RP renforce ses investissements dans les fonds scandinaves, ainsi que ceux qui «favorisent la transition climatique», poursuit le patron de l’institution. Les évaluations régulières des experts externes saluent ses «bonnes pratiques». «Aujourd’hui, nous sommes également classés en vert par Alliance climatique, non seulement dans le cas de RP, mais aussi toutes les caisses de pensions que nous gérons», se félicite-t-il.

24 Heures du 23 novembre 2021
Interview de Philippe Doffey, directeur général de Retraites Populaires
Par Jérôme Cachin, journaliste spécialisé en politique